L'info Palestine vue de Grenoble
16 Janvier 2025
15 mois de génocide plus tard… L’administration Biden - et tous ses complices dans le monde - tente de s’octroyer le mérite du cessez-le-feu annoncé à Gaza. Toute honte bue.
Après avoir systématiquement bloqué toutes les résolutions de cessez-le-feu votées à l’ONU.
Après avoir abreuvé Israël jusqu’à plus soif d’armes permettant de poursuivre le massacre de dizaines de milliers de Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants.
Après avoir récompensé, par ces livraisons d’armes continues, le franchissement de toutes les lignes rouges imaginables : bombardements d’hôpitaux, d’écoles, de camps de réfugiés, assassinats ciblés de journalistes, médecins et secouristes, blocage des convois d’aide et famine organisée, interdiction d’accès aux journalistes du monde entier, destruction systématique du patrimoine architectural et historique plurimillénaire...
Après avoir achevé le saccage du droit international déjà bien mal en point pour satisfaire un agenda politique, tout en osant se réclamer des « droits de l’homme ».
Après avoir rejeté tous les rapports des organisations ou personnes dénonçant le génocide perpétré en direct, suspectées d’antisémitisme ou de soutien au terrorisme.
Après avoir prétendu aider Israël à mettre à terre le Hamas (ndlr : et toute velléité de résistance à l’occupant), tout en produisant évidemment l’inverse comme a fini par l’admettre le secrétaire d'État américain Anthony Blinken, fidèle serviteur d'Israël. Le même à qui Emmanuel Macron vient de remettre la Légion d'honneur en récompense du génocide accompli. Mais que deux courageux journalistes - Max Blumenthal (The Grayzone) et Sam Husseini - ont confronté lors de sa dernière conférence de presse, se faisant ensuite expulser devant une assemblée de journalistes impassibles.
Comme en témoigne l’annonce toute fraîche d’un cessez-le-feu et comme les observateurs et experts avisés l’ont toujours dit, il suffisait d’un froncement de sourcil des Etats-Unis, en l’occurrence de Trump, pour qu’Israël plie aux exigences.
Évidemment on ne se fait guère d’illusions pour les Palestiniens dont le sort n’intéresse pas davantage Trump que Biden, qui cherche surtout quelques coups d’éclats. Dans l’urgence, on ne peut que souffler un peu en espérant un allègement de leur souffrance tout en se demandant comment ils pourront se relever d’un tel traumatisme collectif, dans une bande de Gaza rasée.
Mais si une solution politique juste et programmée dès le départ pour les Palestiniens, et la réparation de 75 ans d’occupation, ne sont pas imposées à Israël - et elles ne le sont toujours pas - il est probable que l’agonie des Palestiniens se poursuivra, et donc leurs actes de résistance à l'occupation. L'Europe, dans toute son hypocrisie, continuera de distribuer des millions d'euros pour des reconstructions qu'Israël s'empressera de réduire en poussière.
Comme l'écrit le journaliste Chris Hedges, voilà comment procède Israël : "Israel, going back decades, has played a duplicitous game. It signs a deal with the Palestinians that is to be implemented in phases. The first phase gives Israel what it wants — in this case the release of the Israeli hostages in Gaza — but Israel habitually fails to implement subsequent phases that would lead to a just and equitable peace. It eventually provokes the Palestinians with indiscriminate armed assaults to retaliate, defines a Palestinian response as a provocation and abrogates the ceasefire deal to reignite the slaughter.(...) This horrific saga is not over. Israel’s goals remain unchanged – the erasure of Palestinians from their land. This proposed ceasefire is one more cynical chapter. There are many ways it can and, I suspect, will fall apart."
D’ici le cessez-le-feu, voyez comme Israël s’en donne à cœur joie pour assassiner autant de civils que possible tant qu’il le peut encore, ici plus de 80 en 24 heures. Comme il l’a fait au Liban, où il se permet de violer régulièrement le cessez-le-feu en toute impunité. Rien n’interdit de penser qu’une fois les otages libérés, Israël aura à cœur de finir de bombarder ce qu’il reste de Gaza et de ses habitants, si personne ne l’en empêche. Et d'arrêter en toute illégalité, enfermer voire torturer à nouveau les otages palestiniens libérés à l'occasion du deal, comme à leur habitude.
Pendant ce temps à Grenoble, la mairie d’Eric Piolle n’a même pas eu le courage d’annuler le jumelage avec Rehovot comme signe de rupture symbolique avec l’entité génocidaire israélienne. Honte à cette équipe. Hervé Gerbi, président du Crif Grenoble, et inconditionnel soutien d'Israël, a quant à lui été éliminé au 1er tour des législatives le 12 janvier 2025.
Photo : conférence de Rima Hassan et du chercheur Taher Labadi de l'Institut français du Proche-Orient (Ifpo) dans le grand Amphi Weil de l'Université de Grenoble (900 personnes) le 13 décembre 2024, malgré la tentative d'interdiction par le Crif.