L'info Palestine vue de Grenoble
16 Juin 2025
C’est plus fort qu’elle : la propagande occidentale ne peut s’empêcher de présenter Israël comme une éternelle victime, quelle que soit la flagrance de ses agressions sur ses voisins, ou du génocide désormais commis à l’encontre des Palestiniens de manière tout à fait décomplexée. Il n’y a pas besoin d’être un observateur chevronné pour le constater, le bon sens suffit.
Combien de temps les pays bombardés par Israël, avec la bénédiction de l’Occident mais en dépit du droit international le plus élémentaire, sont-ils censés courber l'échine ? Doivent-ils attendre d’être démembrés et de sombrer dans le chaos avec la mise en place de pouvoirs fantoches à la solde de l'Occident ? Occident sans vergogne qui, par exemple, fait maintenant affaire en Syrie avec les coupeurs de tête islamistes jusque-là recherchés pour terrorisme, tout comme Israël pactise avec Isis pour démanteler la résistance palestinienne.
Ces alliances devraient éveiller en chacun quelques débuts de soupçons. Comme le fait aussi de savoir qu'Israël a déclaré la guerre à l'Iran à la veille de pourparlers avec les États-Unis sur le nucléaire iranien. Pourquoi aucun journaliste ne prend-il la peine de rappeler qu'Israël détient l'arme atomique, qu’il a d’ailleurs récemment menacé d'utiliser contre la population de Gaza ? Je serais un dirigeant iranien, il me semblerait sage de disposer de la même capacité afin de dissuader mon voisin fou furieux de la brandir comme menace. La dissuasion étant toujours préférable à l’annihilation. Pourtant, les Iraniens avaient accepté un deal du temps d'Obama, avec l'accord de Vienne de 2015, dont Israël ne voulait pas. Et que Donald Trump a décidé de rompre en 2018.
Pas plus tard que le 26 mars dernier, la nouvelle directrice du Renseignement national des États-Unis, Tulsi Gabbard, a déclaré lors du congrès annuel du Comité permanent de la Chambre des représentants sur le renseignement à Washington que « la Communauté du renseignement continue d'estimer que l'Iran n'est pas en train de fabriquer une arme nucléaire et que le chef suprême Khomeini n'a pas autorisé le programme d'armement nucléaire qu'il avait suspendu en 2003 ».
Le Traité de non-prolifération nucléaire de 1968 a été signé par l'Iran dès 1970 (qui n'est pas une puissance nucléaire) et rejeté par Israël (qui possède l'arme nucléaire). Quant aux USA, grand donneur de leçons, il est le seul pays à avoir utilisé l'arme nucléaire, causant la mort d'au bas mot 200 000 civils immédiats sans compter tous les morts par irradiation sur le long terme.
Le moment choisi par Israël pour bombarder l’Iran tombe à pic pour faire passer le génocide à Gaza au second plan, au moment même où des milliers de personnes convergeaient du monde entier vers l’Égypte pour mettre la pression sur la communauté internationale en demandant le passage de l’aide humanitaire à Gaza et un cessez-le-feu immédiat. Dans le même temps, Israël mettait hors service les dernières communications téléphoniques et internet à Gaza. Pas de témoins, pas de crimes.
À Gaza, le taux d'alphabétisation était parmi les meilleurs du Moyen-Orient (près de 98%). S'il survit des Palestiniens à ce génocide, dans quel état d'esprit grandiront les jeunes dont on a exécuté toute la famille, arraché les membres, affamé les estomacs ? A qui l'on a détruit toute perspective d'instruction et d'accès aux soins ? Peut-on sincèrement croire qu’Israël prépare le terrain pour un monde plus sûr ? C'est évidemment tout l'inverse, et Israël le sait pertinemment, ayant pour seul objectif de s'inventer ou se créer des ennemis afin de pouvoir perpétuellement se présenter en victime et faire la guerre (le mot est faible) à ses voisins.
Une récente enquête, rapportée par le journal israélien Haaretz, indique que plus de 82% des Israéliens se prononcent en faveur de l'épuration ethnique à Gaza, ce qui n'est une surprise que pour ceux qui se voilent la face quant à ce pays dont la mentalité raciste et coloniale est profondément enracinée. Une infime minorité d’Israéliens résistent contre l'occupation et le régime d'apartheid.
Le reste du temps, on disserte sur les plateaux TV de savoir s'il est moral ou pas de torturer les otages - pardon, "prisonniers" - palestiniens dans les geôles israéliennes (voir le dossier de l'ONG israélienne B'Tselem Welcome to hell) . 90 sont officiellement déclarés morts sous la torture dans les 20 derniers mois. Qui en a entendu parler ? Qui sait que la plupart sont accusés à tort de terrorisme, pour avoir résisté souvent à mains nues à leur envahisseur, ou qu'ils croupissent en prison sans la moindre charge retenue contre eux (détention administrative reconductible à l'infini) ?
Tout aussi édifiant : une majorité de médecins israéliens refusent de condamner la destruction systématique du système de santé à Gaza (et des personnels soignants) voire l'applaudissent.
Voici quelques exemples parmi tant d'autres qui témoignent de la facilité avec laquelle la société israélienne a fini par justifier le meurtre sauvage de plus de 15 000 enfants, sans doute même bien plus compte tenu de l'impossibilité désormais de compter les morts. Comment peut-on défendre un pays qui soutient un tel projet d'extermination, qui plus est, au nom "du peuple juif" ? Quel meilleur moyen trouver pour faire grimper en flèche l'antisémitisme et ensuite se présenter de nouveau comme la victime ? Heureusement qu'il existe, partout dans le monde, des Juifs vent debout refusant que ce génocide se fasse en leur nom et en manipulant la mémoire de leurs ancêtres morts en camps de concentration.
Les résistances aux folies guerrières d’Israël, inconditionnellement soutenu par l’Occident - États-Unis en tête - suffiront-elles à nous éviter le précipice ? On aurait tort de croire que les « questions » palestiniennes et maintenant iraniennes ne nous concernent pas. Il n’y a qu’à voir l’empressement avec lequel Emmanuel Macron annonce que la France participera « aux opérations de protection et de défense » d'Israël en cas de « représailles » menées par l'Iran. Dans le mot « représailles », entendons droit pour l’Iran de se défendre. Pourtant, d'après le Président français, c'est l'Iran qui porte « une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la région » ... Un enfant de primaire serait en mesure de le rectifier.
Rien ne nous sera prochainement épargné en terme de propagande israélo-occidentale pour venir convaincre les esprits endormis qu’une guerre - « préventive » bien sûr - contre l’Iran est nécessaire. Voilà que Netanyahou, poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, raconte désormais sur Fox News que l’Iran a tenté d’assassiner Trump à deux reprises. Ajoutant qu’en bombardant l’Iran, Israël « sauve le monde » et qu'il s'agit d'une « bataille de la civilisation contre le barbarisme », « du bien contre le mal ». Les morts-vivants de Gaza s'en souviendront. Dans ce genre d’équation, les mots ont une importance vitale. Tout comme la mémoire du déroulement des évènements.